Kristopher Naeger
Lorsque je commence une peinture, je libère mon esprit de toute pensée. J’aborde la toile détendu, je ne planifie rien. Je peins pour donner à voir un autre regard sur le monde naturel. Il est important pour moi de faire de chaque œuvre une expérience différente. Je commence avec une couleur ou une technique, comme la superposition de toile ou le choix de pastels. L’œuvre est ensuite libre d’évoluer et de suivre son propre chemin.
Même si je maîtrise les techniques que j’utilise et que je ne laisse rien au hasard : la façon dont les couleurs se mélangent, leur interaction avec les divers matériaux, le temps qu’il leur faut pour produire un effet spécifique ; la main qui tient le pinceau ne m’obéit pas toujours mais semble souvent guidée par une partie plus profonde de moi-même. C’est notamment le cas lorsque j’ajoute un texte en écriture spontanée, flux de mots qui jaillit sans construire de sens. Cette façon de procéder m’emmène sur un chemin où la passion dépasse les obstacles créés par le monde de la matière. J’en savoure chaque pas car ce chemin est pour moi aussi important que le tableau achevé.
Mes œuvres sont l’histoire visuelle de mes expériences. Le besoin de changer de direction est très important. Cela me maintient dans une dynamique et me force à faire évoluer ma pratique. Mon travail puise sa source dans la nature, dans mes voyages vers les îles des Caraïbes, l’Océan Pacifique en Amérique Centrale et – plus récemment – les paysages de France et d’Europe.
Je créé habituellement des séries de quatre à douze tableaux que je ne reproduis ensuite jamais. Couleurs et lignes trouvent une place prédominante. Les superpositions ajoutent de la profondeur et amènent celui qui regarde à s’interroger sur ce qui était dessous, sur le procédé et l’intention de l’artiste. Je donne rarement un titre à mes toiles, permettant à chacun de cheminer librement et d’interpréter selon ses propres expériences.